« Gilets jaunes » à Bordeaux : Un journaliste s’équipe d’un bouclier antiémeutes pour se protéger des tirs de projectiles dans les manifs
L’image semble venir tout droit d’une zone de guerre. Les journalistes sont équipés de casques, masque à gaz et d’un bouclier noir sur lequel figure, en blanc, le mot « press ».
La scène s’est déroulée à Bordeaux (Gironde), samedi 12 janvier, lors de l’acte 9 des « gilets jaunes » et a été captée par une journaliste, qui a posté les images sur Twitter.
#Bordeaux La presse qui se protège comme elle peut des tirs de flashball et lancés de projectiles#GiletsJaunes #ActeIX #Acte9 #12janvier #12janvier2019 pic.twitter.com/cVcS1ricXl
— Stéphanie Roy (@Steph_Roy_) 12 janvier 2019
Cette vidéo a fait réagir sur le réseau social. Plusieurs internautes se sont interrogés sur la nécessité d’un tel équipement.
Une prudence nécessaire
Le journaliste en question est âgé de 38 ans et déclare avoir travaillé dans l’armée française avant de se reconvertir comme reporter photographe de guerre à l’étranger. Il a assuré la couverture des mouvements des « gilets jaunes » à Bordeaux depuis le début et avoir contacté Amnesty International pour leur proposer de documenter « les dérapages » observés de part et d’autre. L’ONG confirme un échange avec le vidéaste à ce sujet.
Au début des manifestations à Bordeaux, il était équipé d’un casque et d’un masque de protection, comme la plupart des journalistes. Krishanorpoo Brun, le journaliste derrière le bouclier, affirme qu’il a essuyé avec son équipe plusieurs tirs de projectiles venant des rangs des manifestants et des tirs de flash-ball « dans les jambes » provenant des forces de l’ordre. C’est pour cette raison qu’il dit avoir décidé d’acheter en ligne ce bouclier, en vente libre, qu’il a personnalisé en inscrivant le dessus le mot « press ».
Stéphanie Roy, qui a filmé Krishanorpoo Brun avec son bouclier, déclare que la manifestation précédente à Bordeaux était violente. « Je comprends qu’il ait pris cet équipement, confie la journaliste. Même si le samedi 12 janvier, ce n’était pas la manifestation la plus violente, il y a eu pas mal de tirs de flash-ball et des grenades de désencerclement. J’ai d’ailleurs dû à un moment me cacher derrière des poteaux. »
« Je me suis renseigné et aucun texte de loi n’interdit le port par un journaliste de cet élément de protection et de défense – d’ordinaire réservé aux CRS ou gendarmes mobiles – dans une manifestation », précise Krishanorpoo Brun.
Selon le journaliste, cet équipement a permis à l’équipe de filmer « beaucoup plus sereinement » et n’a suscité que quelques questions du côté des « gilets jaunes ».