Actu

Affaire Astrid M. : La justice a-t-elle étouffé la voix d’une victime ?

« Pardon au monde. » Ces mots déchirants, tracés d’une main tremblante, étaient les derniers d’Astrid M. avant son suicide en 2023. Pourtant, sa lettre d’adieu – preuve accablante de violences conjugales subies pendant 5 ans – a été détruite sur ordre du parquet. Alors que son bourreau comparaissait hier, cette décision ravive une blessure nationale : celle de l’impunité.

Le Dernier témoignage réduit en cendres

Dans cette lettre saisie par la police, Astrid détaillait coups réguliers, isolement forcé et menaces de mort. « Elle y mentionnait 12 appels aux gendarmes non suivis d’effet », révèle une source proche du dossier à Franceinfo. Mais le parquet de Nanterre invoque l’article 11 du code de procédure pénale pour justifier sa destruction : « Aucune utilité probatoire ». Les associations, elles, parlent de « crime judiciaire ».

Un Procès Sous le Signe du Déni

Face aux juges, l’ex-compagnon minimise : « Elle exagère, comme d’habitude ». Pourtant, un rapport de l’Hôpital Cochin liste 3 hospitalisations pour traumatismes graves entre 2020 et 2022. « Les violences conjugales ne laissent pas que des bleus », tonne l’avocate des enfants, brandissant des SMS de chantage. « Tu me quittes ? Je t’achève. »

Les statistiques qui accusent

En 2023, 94 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint. Mais selon l’Observatoire des Violences Conjugales, 76% des plaintes sont classées sans suite. « Astrid est morte parce qu’on n’a pas cru ses mots », dénonce Caroline De Haas sur Europe 1. Un chiffre glaçant : 83% des féminicides surviennent après une séparation.

La révolte des citoyens : 200 000 signatures en 48h

Une pétition exigeant la conservation obligatoire des preuves psychologiques submerge les serveurs. « On efface leur histoire, leur dignité », s’indigne une signataire. Sur TikTok, le hashtag #JusticePourAstrid cumule 4,7M de vues. Même Angèle relaie le combat : « Briser le silence, c’est briser le cycle. »

Et maintenant ? Le long chemin vers la loi

La garde des Sceaux annonce un « groupe de travail »… en 2025. Trop tard pour Astrid, mais peut-être pas pour les 221 000 victimes annuelles. « Chaque minute perdue est une vie en danger », alerte la directrice de Femmes Solidaires. Dans l’ombre, ses enfants gardent une copie clandestine de la lettre. Ultime résistance face à l’oubli.

Sources :