Gilets jaunes : Emmanuel Macron reçoit un courrier des ophtalmologistes qui s’alarment du nombre de blessures oculaires dues aux LBD
Une trentaine de jours après l’avoir adressé à Emmanuel Macron, sans réponse, ils rendent leur message public : dans un courrier dévoilé par Le JDD, le dimanche 10 mars, 35 ophtalmologistes d’hôpitaux prestigieux demandent au président de la République un « moratoire » sur l’usage des lanceurs de balles de défense. Ils déclarent avoir enregistré un « nombre inédit de contusions oculaires graves » causées par des tirs de LBD « ces dernières semaines ».
« Une telle ‘épidémie’ de blessures oculaires gravissimes ne s’est jamais rencontrée », attestent les docteurs dans leur texte. « Nous, ophtalmologistes dont la profession est de prévenir et guérir les pathologies oculaires, demandons instamment un moratoire dans l’utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l’ordre ».
Pour les docteurs, les blessures constatées « ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience », car « le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations ».
Une démarche exclusivement humaniste
Ils ne sont pas les premiers ni les seuls à avoir critiqué l’usage des LBD dans le cadre de l’encadrement par les forces de l’ordre des manifestations du mouvement des « gilets jaunes ». Mais ils se défendent de toute intention politique : « Notre démarche est uniquement celle de médecins, purement humaniste, avec pour seul but d’éviter d’autres mutilations. »
Les ophtalmologistes affirment que les lésions oculaires provoquées par les tirs de LBD sont « souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique. Rares mais bien connues des ophtalmologistes pour leur sévérité, conduisant dans la majorité des cas à la perte de la vision et dans un tiers des cas à l’énucléation ». Ils rajoutent que ces balles représentent un danger plus grand encore à cause de l’« énergie cinétique utilisée pour les lancer.
Ces médecins déclarent avoir envoyé leur courrier au Président trente jours plus tôt, et le « rendent aujourd’hui public (…) afin d’être certains que leur message d’alerte est parvenu à son destinataire ».
Le Conseil de l’Europe a demandé à la France, fin février, de « suspendre l’usage du LBD ».